Bonjour à tous,
Comme plusieurs personnes me l'ont demandé, voila le plan du push pull d'EL90 à correction différentielle.
schéma làPour ceux qui sont pressés, tout est disponible sur
github:
Gain : 30dB
Pmax : 9,7W dans 8Ω
Sensibilité : 0,15Vc pour 1W
BP : <14Hz à 55kHz (-1dB), 105kHz (-3dB)
Je veux faire des mesures plus poussées de la THD et du FA, donc pas de données pour l'instant
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La correction différentielle est un brevet Bell Labs des années 70 mise au goût du jour par Arnaud Heagele (iriiax sur ce forum) qui en a équipé son OTL circlotron et pré-amp RIAA. L'aventure de la création du push pull s'est faite sur
le forum 6B8M de René Conseil.
Cet ampli a été presque entièrement réalisé avec des pièces et composants que j'avais sous la main. Les TS sont des DA117, les mêmes que ceux qui équipent le PP d'ECL86 de Yves. Les condo de liaison sont des PIO russes que j'avais sous la main pour faire plaisir à Daniel
Le principe de la correction différentielle est, contrairement à la contre-réaction qui applique en permanence le signal de sortie sur le signal d'entrée, de n'appliquer que la différence entre le signal d'entrée et de sortie. Pour cela il est nécessaire de placer un tube supplémentaire qui soustrait les deux signaux pour n'appliquer que l'erreur sur la deuxième grille du symétriseur. Cela fait diminuer drastiquement l'impédance de sortie et apporte un gain important en terme de correction de coloration et de précision. Arnaud a pu établir expérimentalement que le facteur d'amortissement obtenu était à peu près égal au facteur d'amplification de l'étage correcteur.
Ce mode de fonctionnement a un impact fort sur l'architecture de l'amplificateur et oblige a transgresser pas mal de règles de pouce habituelles pour éviter que le correcteur se transforme en oscillateur.
Dans les hautes fréquences, le problème vient principalement de la bosse de gain liée aux capacités parasites du transformateur de sortie à l'extrémité de sa bande passante. Le double RC qui filtre le signal d'entrée a pour objectif de le faire coller à la chute de gain du transformateur de sortie aux hautes fréquences. Cela n'a pas permis dans mon cas de m'affranchir des oscillations. Il a donc également été choisi de diminuer la correction aux hautes fréquences en faisant chuter le gain de l'étage correcteur. Cela est réalisé en plaçant en parallèle de la charge un couple RC. Avec 22n + 2,2kΩ, le gain de l'étage correcteur à 20kHz n'est plus que de 8 contre 21 à 20Hz.
Dans les basses fréquences, la chute naturelle de gain de l'OPT va combler le problème de bosse de gain mais pas celui du déphasage. Si l'étage de correction ne corrige pas en phase avec l'erreur alors on recrée un oscillateur cette fois à très basse fréquence. Pour prévenir le motor boating, il convient de donner à l'amplificateur la bande passante la plus basse possible (sous le Hz) ce qui a un impact intéressant au niveau de l'alimentation.
Pour donner à l'amplificateur la plus grande bande passante possible, il a été choisi de placer un étage de cathode suiveuse flottant après le symétriseur pour polariser directement l'étage de puissance. L'impédance d'entrée très élevée de cet étage (plusieurs MΩ) permet de réduire la capacité de liaison à 220n pour tomber sous le Hz. Les EL90 sont également sensibles à leur résistance de grille, le cathode follower permet de surcroît d'attaquer ce tube à basse impédance (quelques centaines de ohms).
Le cathode follower flottant nécessite en contre-partie une alimentation stable dans le temps car une dérive de quelques volts de l'alimentation va faire dériver la polarisation des grilles des finales d'autant. De plus, cet étage nécessite une alimentation HT négative ce qui est intéressant car le symétriseur l'utilise également.
En ce qui concerne le filtrage des alimentations, beaucoup d'essais ont été faits sans succès pour éliminer une petite ronflette. L'alimentation présentée dans le schéma ci dessus est le résultat de ces différents essais. L'alimentation négative est très silencieuse (<1mV) mais l'implémentation ne me permettait pas de réaliser un CRC préalable sur la HT positive ce qui explique cette surenchère de régulations.
L'alimentation doit pouvoir suivre l'ampli dans les très basses fréquences, un filtre CLC en entrée suivie d'une régulation MJE + IRF devrait donner un résultat satisfaisant pour le symétriseur et la cathode suiveuse, le tube de puissance étant une pentode, on peut l'alimenter directement après le pont CLC. En ce qui concerne la correction, un bon moyen de s'affranchir des bruit d'alimentation serait de le monter en µ-follower. Cela présenterait plusieurs avantages :
* Protection des bruits d'alimentation
* Gain de l'étage correcteur maximal (µ) aux basses fréquences
* Impédance de sortie faible donc réduction de la R de grille du tube non inverseur du symétriseur.
Pour finir, le tube correcteur est ici une 6N16B, elle présente des caractéristiques intéressantes pour cet usage : un gain moyen, une bonne isolation électrostatique et microphonique. Cependant, si ce mini tube apporte une touche esthétique indéniable à l'ensemble, il est soudé sur son support et ne sera pas facile à remplacer. Une 6N3P-E devrait pouvoir faire le même travail sans ce désavantage.
Si il a été déterminé que le facteur d'amortissement théorique s'approchait du facteur d'amplification de l'étage de correction, il a été également mis en avant qu'un FA supérieur à 15 n'apportait pas grand chose au regard de l'impédance des câbles et celle de l'enceinte.
Les performances mesurées sur charges réelles (tablettes proac) par Arnaud montrent les très bons résultats de la correction en affichant des plateaux parfaits à 20Hz.
Ici un carré à 20Hz (2V.div) dans une charge résistive 8Ω :
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Ici on voit un sinus de presque 10W (5V.div) avec le travail de la correction (10mV.div) :
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Ce système me plaît énormément en terme d'écoute. Je remercie encore une fois Arnaud, René et Pascal qui m'ont guidés très efficacement par leurs conseils plein d'expérience.
Amicalement,
Grégoire