Bonjour Ronny,
doublé par Yves et Pascal…
ronny a écrit:
Mais j'aimerais qu'on me parle de la musicalité. Lequel choisir? Et la classe la A ou AB1?
La musicalité ni ne se mesure ni ne se met en équation. J'ai envie de dire qu'il vaut mieux prendre l'ampli qui distord le moins (coloration) et propose le plus de dynamique (moins de compression). Après, cela dépend énormément des enceintes, leur rendement, la taille du boomer etc.
Grosso modo, avec les tubes en matière de distorsion et de facteur d'amortissement, on est mal lotis, difficile de sortir quelques watts sans dépasser le pourcent avec une impédance de sortie pas du tout négligeable devant leur charge. Les tubistes préfèrent en général déplacer le problème en utilisant des transducteurs à haut rendement avec le coût et les problème qui y sont associés (rien n'est gratuit) sans garantie d'une qualité meilleure en terme de transducteurs.
Si comme tout un chacun tu utilises des enceintes du commerce (<= 91dB.w/m), il faut quelques watts (au moins une dizaine) et un bon facteur d'amortissement. Les triodes ont une impédance de sortie assez petite car leur impédance interne est moins élevée que celle des pentodes/tétrodes en contrepartie, leur rendement est assez faible. Cela est aggravé par le fait que pour atténuer la distorsion on utilise une réaction négative de tension qui réduit encore le gain de l'ampli.
Du point de vue de la topologie, Single Ended ou Push Pull, cela apporte plusieurs avantages / inconvénients. Le SE est encore plus mauvais au niveau rendement (25%) et oblige à être en classe A. Pour sortir une dizaine de watt potables il faut s'aventurer dans le domaine des grandes triodes de puissance avec des tensions au delà de 800V ( et je suis gentil ) ou des débits pharaoniques. La puissance maximale est débitée par l'ampli à son point de repos et ce courant de repos (continu) magnétise les transfo de sortie. Pour éviter la saturation magnétique du transfo, on le sabote en coupant la tôle mais ce faisant on réduit sa capacité magnétique et donc son rendement ce qu'on compense en ajoutant des tôles. Les transfo de sortie sont donc très lourds et … très chers. Autre point surtout avec les triodes, le bruit d'alimentation se retrouve tout entier sur l'anode d'icelles direction les enceintes, ça fait bzzzzzz. On doit donc concevoir une alimentation rigoureusement étudiée pour. Comme quoi l'apparente simplicité du schéma des SE cache le fait qu'on a déplacé la complexité ailleurs mais la simplicité du schéma en lui même n'est qu'apparente car les triodes nécessitent d'être attaquées avec un swing élevé (de 120Vcac à plus de 400Vcac) et une impédance faible à cause de leur capacité parasite. Cela nécessite un driver pour pré-amplifier le signal qui peut comporter plusieurs étages et donc une distorsion qui s'empile.
Le push pull a été inventé pour pallier aux problèmes du SE. Deux tubes débitent dans le transformateur de sortie en opposition ce qui annule le phénomène de magnétisation. Pour la même puissance de sortie, les transformateurs sont drastiquement plus maigres qu'en SE et donc … drastiquement moins chers

On a désormais deux tubes donc on double la puissance de sortie au prix d'une impédance de sortie deux fois plus élevée (rien n'est gratuit). D'autre part, grâce à ces deux tubes, l'ampli n'est plus cantonné en classe A, il peut fonctionner dans des modes plus efficaces comme la classe AB1, encore un soulagement pour l'alim au prix d'un débit qui n'est désormais plus constant donc une topologie d'alimentation différente (mais toujours plus économe) pour un même résultat.
Comme les tubes fonctionnent en symétrique, les bruits d'alimentation sont considérablement réduits ainsi que toutes les distorsions d'ordre pair produites par la cellule symétriseur / push pull. Pour tenir ces promesses, il faut bien appairer les tubes de l'ampli. Si le push est plus permissif en terme de bruit d'alimentation sa structure nécessite un symétriseur ce qui peut sembler plus complexe qu'un schéma en SE. Comme il existe des topologies de déphaseurs qui ont du gain (schmitt) on fait d'une pierre deux coups en proposant un étage pré-ampli / symétriseur (au prix d'un gain du driver divisé par deux, rien n'est gratuit).
Pour le choix pentodes / triodes, là aussi c'est discutable car les pentodes sont bien plus efficaces que leurs grandes sœurs au prix d'une impédance de sortie cent fois plus élevée. Il existe des topologies d'amplificateurs qui profitent du grand gain des pentodes/tétrodes et combinent des contre réactions pour ainsi proposer des impédances de sortie tout à fait acceptables. On joue aujourd'hui avec des systèmes de corrections qui permettent d'atteindre des facteurs d'amortissement qui répondent aux attentes des enceintes modernes prévues pour être pilotées par des amplificateurs à transistors (au prix d'un schéma plus complexe … rien n'est gratuit).
Pour résumer, c'est plus difficile et plus cher d'arriver à faire un SE qui a le même résultat qu'un PP mais pas impossible. En ce qui concerne la musicalité, on reste de toutes façons tributaire d'un transformateur de sortie qui est le maillon faible bien après les enceintes. On a l'habitue de tout faire fonctionner avec 10% de tolérance partout car déjà faire quelque chose qui marche bien c'est pas mal (et l'impédance dynamique d'une enceinte est tout sauf idéale) puis un jour, on fait un ampli qui fonctionne mieux que les autres car les associations des impédances et des amplifications et de l'alim et des tranfo et des enceintes se combinent bien mais ça, c'est de la magie
Amicalement,
Grégoire