Bonjour
Pour répondre au problème de la polarisation des filaments, je vous post la réponse de Francis Ibre. Dans ce cas connecter le point milieu des enroulements des KT88 au condo de filtrage du bias à travers une resistance serait easy.
Serge
Francis Ibre a écrit:
Problèmes d’isolation filament / cathode :
- la cathode d’un tube à chauffage indirect est un tube de nickel, ayant reçu sur sa face externe un revêtement émissif à base de baryum, strontium, calcium. La face interne en revanche n’a reçu aucun traitement, et c’est le nickel pur qui est au contact de la couche isolante qui recouvre le filament.
- le filament en tungstène, bien qu’isolé par une couche de céramique (alumine Al2O3) blanche, est émetteur d’électrons, comme tout métal chauffé. Les endroits où la couche isolante est écaillée, aux pliures et aux extrémités, se comportent donc comme une cathode par rapport à l’électrode la plus proche : la face intérieure de la vraie cathode du tube.
- Il apparaît donc un courant de fuite filament / cathode formé d’un flux d’électrons émis par le filament, se dirigeant vers la cathode. Lorsque le chauffage du filament est effectué en alternatif, ce courant de fuite est modulé à la fréquence du secteur, et induit par conséquent sur la cathode une tension résiduelle alternatif, en d’autres termes un bruit de fond, sous forme d’un léger ronflement à 50Hz.
- Si le chauffage est en courant continu, redressé et lissé, la tension de chauffage contient un bruit de fond crépitant, formé par les résidus des pics de courant issu des redresseurs car le courant redressé est pulsé. De la même manière ce bruit de fond est transmis à la cathode par la modulation du courant de fuite filament / cathode, il se traduit par un léger grésillement.
- Pour éviter ces bruits induits sur la cathode, il suffit d’empêcher le passage du courant de fuite. Pour cela il suffit que la cathode soit négative par rapport au filament, afin qu’elle repousse les électrons émis par celui-ci. Généralement, on rend le filament positif par rapport à la cathode, ce qui revient au même, en le polarisant : le point milieu de son alimentation est porté à un potentiel positif, environ 20 à 30V supérieur à celui de la cathode au repos. Une tension continue, dérivée de la haute tension générale par un circuit diviseur de tension (éventuellement réglable), et découplée par condensateur, est amenée au point milieu de l’enroulement de chauffage, ou à un point milieu fictif obtenu au point nodal de deux résistances (branchées en série) reliées aux bornes du filament.
- Cependant, la polarisation du filament va provoquer la migration d’ions entre filament et cathode. La couche isolante du filament est très mince et supporte donc un gradient de potentiel qui peut atteindre 20 à 40 kV/cm, il se produira donc dans cette couche une électrolyse donnant naissance à des ions tungstène issu du métal du filament. Lorsque le filament est positif, ces ions positifs de tungstène vont migrer à travers la couche d’alumine, et produire des taches grises à sa surface. Il finira par se former un cratère noirâtre et conducteur dans la couche isolante, par lequel un courant de fuite important va passer, aboutissant généralement à un court-circuit filament / cathode.
- Lorsque le filament est polarisé négativement par rapport à la cathode, ce sont des ions de nickel venus de la cathode qui vont migrer vers le filament, en particulier vers les zones non revêtues, aux extrémités. Le nickel fait recristalliser le tungstène, ce qui a pour effet un grossissement des grains, allant jusqu’à une taille du même ordre que le diamètre du fil ! Le tungstène recristallisé en gros grains est extrêmement fragile, au point qu’il ne supporte plus les contraintes dues à la dilatation au moment de l’allumage. Il se produit alors une rupture du filament à la mise sous tension, souvent près d’une extrémité.
- La polarisation négative du filament va évidemment entrainer l’apparition d’un courant entre filament et cathode, ce qui n’est pas bénéfique au niveau du bruit de fond, cependant la fiabilité des tubes semble en général meilleure lorsque le filament est polarisé en négatif.
- Dans un étage d’entrée, où un niveau de bruit de fond très bas est recherché, une polarisation positive du filament est idéale, ainsi qu’un chauffage en continu parfaitement filtré.
- Dans un étage de puissance en revanche, une polarisation des filaments proche de zéro ou négative peut augmenter la durée de vie des tubes, en évitant la destruction en cratères de la couche isolante. Les tubes de puissance supportent en général une tension négative assez élevée entre filament et cathode : –300V pour une KT88, contre seulement +100V lorsque le filament est positif.
Conclusion : je mettrais environ -50 à -100V au points milieus filaments des KT88.
Au fait mon bouquin **tubes audio anciens et récents** est sorti chez Elektor.
A+
Francis