Ce qui ressort des premières simulations est qu'il doit exister un point de fonctionnement (en classe AB) qui offre une linéarité maximale de l'étage PP. Ceci est observé avec un modèle de tube arborant un gm pas vraiment constant (comme en vrai). On remarque aussi que la transition classe A -> classe B n'est pas nette comme sur les tracés qu'on effectue à la main sur les réseau. Une raison possible est justement le fait que gm n'est pas constant.
Chose promise, chose due, voici encore quelques simulations effectuées avec un modèle de tube parfaitement linéaire : gm constant sur toute la plage de fonctionnement du tube, hors zone de déchet évidemment. Quelques mots sur le modèle d'abord, qui a été créé pour l'occasion. Le réseau de caractéristique est issu de la loi de commande suivante :
Iak = (Vgk + Vp)*gm*tanh(k*Vak), où Vp, gm et k symbolisent respectivement la tension de pincement du tube (en valeur absolue), sa pente et un facteur agissant sur le "tranchant" du coude.
Les valeurs numériques sont : Vp = 50V, gm = 6.25mmhos et k = 1/20V
-1Le réseau résultant ressemble à celui de la 6L6 utilisé plus haut. Par défaut, j'ai conservé la dissipation de la dissipation de plaque max (30W).
Ce modèle est chargé par une impédance plaque à plaque de 6k et polarisé sous 300V.
Voici d'abord une droite de charge en classe AB sous un courant de repos de 40mA (40% de Pamax):

Donc dans le cas d'un composant à gm constant, la transition classe A -> classe B est bien visible et au "bon" endroit, à l'inverse des premières simulations avec un modèle de tube "réel"! Par contre si le composant est linéaire, cette cassure est fâcheuse pour le signal de sortie.
En fait, comme chaque tube "voit" moitié de la charge, le gain de l'étage vaut 2*(gm*Zpp/2) soit gm*Zpp en classe A. Lorsqu'un des deux tubes se bloque, le gain est divisé par 2, d'où un "écrasement" du signal de sortie :

Avec un tube réel (a gm variable), gm est petit aux faibles courants (en classe A) et grand aux forts courant (en classe B), ce qui fait que la variation de gm compense le blocage d'un tube et lisse le gain de l'étage sur toute l'excursion du signal. Comble de l'ironie, j'ai déjà remarqué cette signature du signal de sortie avec un modèle de tube très linéaire!!
La distorsion harmonique (THD en %) en prend évidemment un coup et contient sans grande surprise exclusivement de la distorsion d'ordre impaire :

Pour continuer, étudions l'influence du point de repos sur les performances en distorsion du montage PP. 4 cas :
- classe A 100mA
- classe AB 60mA
- classe AB 35mA
- classe B 0mA
Voici les cycles de charge associés :

Et l'évolution de la puissance de sortie en fonction de l'excitation de l'étage PP :

De cyan à rouge : classe A -> classe B.
On remarque, à puissance de sortie égale, un rapport 2 entre le gain en classe A et le gain en classe B (dans un cas, G=2*gm*Zpp/2 et dans l'autre G=gm*Zpp/2). A noter que les gains des cas en classe AB se situent entre classe A et B sauf à faible excitation, soit lorsque le fonctionnement est classe A, auquel cas ils sont égaux.
Voici la THD en fonction de l'excitation de grille pour chacun des cas :

Cyan classe A, rose classe AB légère, bleu classe AB profonde, rouge classe B.
La distorsion décolle en priorité pour la classe AB profonde (et brutalement), au moment du passage en classe B. Idem pour la classe AB légère.
Pour les classes A et B les comportements sont similaires : on retrouve le rapport 2 sur le gain (à THD constante) et la même allure de THD, qui correspond à l'écrêtage dans la zone de déchet du tube.
Pour compléter, voici la même courbe mais cette fois ci en fonction de la puissance de sortie :
Cyan classe A, rose classe AB légère, bleu classe AB profonde, rouge classe B.
Pour un composant idéal, classe A et classe B offrent les même performances en distorsion, le rendement en plus mais le gain en moins pour la classe B.
La distorsion engendrée par la transition classe A->B, pour les fonctionnement en classe AB, intervient à d'autant plus faible puissance que l'on est proche de la classe B, logique.
La variation de THD est d'autant plus forte que l'on est proche de la classe B.
Au final, vue les premières simulations sur modèle de tube "réel" et ces derniers résultats, on peut dire que la classe AB est aux composants réels ce que la classe B est aux composant idéaux, l'optimum! Il faudrait maintenant intégrer le côté variable de gm (et aussi le conductance de sortie du tube) et retracer le même type de courbe.
To be continued...
JB